dimanche 29 septembre 2013

La Grande course de Flanagan

Tom McNab,
La Grande course de Flanagan (1981)
J'ai lu, 2013 (631 p.)
C'est à cause de ce livre que j'ai ouvert un blog. Enfin, disons qu'il a été le déclencheur. Mais je vous reparlerai de tout cela, le mois prochain, pour les un an de ce qui n'est plus un bébé-blog ...


La Grande course de Flanagan parle de course bien sûr. Mais pas de n'importe quelle course, pas de celle du dimanche. Non, non, non!! On parle de la Trans-América des années 1930.  5 000 Km à parcourir, 2 milliers de coureurs venus du monde entier. Tous espèrent  relever le défi de Flanagan, un mégalomane, fou de sport, et fou tout court, toujours engagé des projets ahurissants... 

Dans le roman de Mc Nab, les athlètes de Flanagan courent 80 Km par jour, 5 jours par semaines pendant 3 mois. Deux marathons par jour!!!! Et le plus fort, c'est que les scores des premiers avoisinent les 6 mn/Km sur cette distance; c'est absolument ahurissant (mon meilleur score c'est 5'40 sur 11 Km !!). 


7h08: départ...il fait nuit!

Km 1: 05'34''


Km 2 : 05'43''



Km 3: 05'49''



Km 4: 05'47''


Km 5: 05'23''

Km 6: 06'05''

Km 7: 05'35''

Km 8: 05'22''


La course de Flanagan, c'est LA course de la dernière chance, la course qui traverse l'Amérique avec tous les ressorts de la période (la crise de 29, Al Capone, les manœuvres politiciennes, les JO de 1932, les jeunesses hitlériennes...). 

La masse des coureurs ressemble à une cour des miracles : plusieurs centaines de crèves-la-faim, fracassés par la crise de 29, des gens qui courent pour ne pas mourir ...même pas pour gagner, juste pour manger à leur faim . 

Au milieu de cette foule de partants, on y trouve Hugh Mc Phail (un sprinter écossais affamé), un Anglais ,Lord Thurley en mal de reconnaissance de ses pairs, un merveilleux quinquagénaire, Doc Cole, plus ou moins colporteur et bonimenteur, qui a la mémoire et la sagesse de ce qu'est la course. Mon chouchou, Mike Morgan, un aciériste gréviste, boxeur à ses heures noires,  qui a déjà perdu toutes ses batailles. Une fantastique Kate Sheridan, jeune danseuse de cabaret, qui s'essaie à la course. Que je l'aime cette Kate!! Il m'arrive de me  prendre pour elle quand je dépasse deux personnes devant moi (ce qui arrive rarement en ce moment puisque la ville s'apprête à donner le départ du marathon dans un mois, donc ça s'entraîne sec et tôt).

 Je pourrais vous parler longtemps de tous ces merveilleux personnages, mais je me conterais de citer le journaliste de la course qui dit d'eux qu'ils "oscillent sur la corde raide de l'absolu (...) ils symbolisent l'espèce humaine dans ce qu'elle a de meilleur" (p.367). 

La Grande course...c'est le livre des coureurs (même à mon niveau dominical) . La course ici, c'est un chemin presque christique qui va chercher le meilleur de soi-même, qui déclenche les solidarités. Mc Nab parle du fait d'être coureur, de la posture, il livre une ode à la solidarité sportive, à la vertu de l'effort, au véritable esprit de compétition et au fair-play. Courir ici, c'est une raison de vivre et un état d'esprit. 

Quoique  l'athlète de Flanagan soit finalement, comme aujourd'hui, une sorte de modèle qu'on scrute. Ça met presque mal à l'aise de voir à quel point les coureurs qu'on aime (comme Kate je suis secrètement amoureuse de Mike Morgan) sont la propriété de Flanagan qui les exhibe comme des bêtes de foire, les fait courir contre des chevaux, boxer contre des pro... 

Il y a quelque chose de Fear Factor ou de Koh Lanta dans La Grande course...C'est malsain, c'est pathétique...mais ça dit quelque chose de la fascination qu'on a tous de l'exploit sportif. Et finalement, les athlètes de Flanagan n'ont rien à voir avec nos sportifs contemporains qui font de la pub pour téléphone portable et chocolats saturés de graisses hydrogénées. Ce qu'ils endurent, ils le font par nécessité pour s'en sortir, pas pour acheter des voitures ou des jeunes filles peu farouches.

Mac Nab érige le marathon en distance mythique, même au terme de 5 000 Km. J'ai pleuré à la fin tellement les dernières pages ont l'esprit du sport, le vrai, et tellement ses personnages sont beaux. 

Même chez moi, le concept de mental de vainqueur ça résonne quelque part...

Et franchement, un peu de beaux sentiments sur fond de dépassement de soi, punaise que ça fait du bien!!!

De vous à moi, il y a des gens qui après la lecture de ce livre se sont mis à courir...et qui engloutissent les Km depuis....vrai de vrai.

Je vous renvoie donc chez Alphonsine et Dominique qui avaient chroniqué ce beau livre avant moi...
et aussi chez des coureusesdes vraies qui font un peu plus que courir le dimanche matin..
 

PS: je n'avais pas d'idée pour illustrer ce billet, j'ai donc tenté de mettre mon modeste jogging de ce matin en images... 8 malheureux Km au levé du jour (les coureurs de Flanagan faisaient ça dix fois par jour...). Je précise que:
-  j'avais oublié qu'il y avait le départ du triathlon ce matin (j'ai amputé mon parcours de 2 Km), 
- de la grêle était prévue (d'où mon départ presque de nuit)
- je m'arrêtais tous les Km pour prendre ces photos inoubliables (d'où les moyennement nettes)

Les feignants ont toujours de bonnes excuses...mais, retenons plutôt l'essentiel de ce livre:

"L'athlète représente l'homme aux frontières de ses possibilités" (p.598). 


50 commentaires:

  1. tiens c'est marrant j'ai fait 8km aussi ce matin ! et ce livre est arrivé dans la PAL hier ainsi que Autoportrait de l'auteur en coureur de fond de Haruki Murakami. Drôle de coïncidence ;-)

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    1. Ho la la, de beaux moment t'attendent Sandrine. L'essai de Murakami sur la course m'a un peu changé la vie. Il intellectualise le fait de courir, et c'est génial!!! Je vais guetter tes avis.

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  2. Voilà. Je pleure. C'est stupide je sais. Je lis tes lignes juste avant de chausser mes baskets et j'ai le coeur qui fait boum-boum. Ce qui reste de la grande course plusieurs mois après sa lecture, c'est ce sentiment de participer à une cause totalement gratuite, un élan impalpable et à priori vide de sens qu'est celui de courir en union d'âme et d'effort avec des tas de pions inconnus qui ont néanmoins un particularisme admirable : Celui de savoir se lever et d'avancer chacun vers ses limites juste pour la beauté du sport. Avec la lecture de la Grande course, je n'ai pas appris à courir. J'ai appris que courir faisait grandir les coeurs. - Et comme Sandrine, j'ai lu par la suite Murakami et je le conseille également !-

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    1. Ouiiiiii, courir fait grandir les coeurs! Je sais que pour toi il y a eu un avant et un après "Grande course..." et 1 000 Km ce n'est pas rien pour l'après. Sans toi, je n'en aurais jamais entendu parler de ce livre.
      Je ne te dis pas de continuer chère Sophie, puisque tu es déjà très loin...Des bises

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  3. Je vous admire les filles... Bon, à défaut de courir, je pourrai toujours lire cet ouvrage !

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    1. Oui Sylire, je pense qu'on peut l'aimer sans être coureur...

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  4. Après la lecture de ce livre, j'ai cherché sur Internet ce qui existe en courses de l'extrême. C'est incroyable le potentiel d'un Homme ! Ton compte-rendu est très beau, il retrace vraiment l'esprit du livre.

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    1. Merci Alphonsine , tu oublies de noter que tu t'étais toi aussi lancer dans un entraînement personnalisé avec la Grande course...;-)
      Des bises

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  5. Ah ben voilà un livre que je lirai un jour je pense!! Même si avec mes 5h32 pour 42,195 km je suis bien loin de ces compétiteurs ;-)

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    1. Tu rigoles j'espère!!. Toi tu es marathonienne ...et ce livre parle de la force du mental sur le corps, il est pour toi c'est certain!!! et peu d'entre nous peuvent se gausser d'avoir couru un marathon.

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  6. Voilà un thème et un commentaire qui me plaisent bien, je note ce titre ... Mais d'ici à ce qu'il arrive à me faire courir, voilà qui serait de l'ordre du stupéfiant. Je suis un être de fauteuil ! Bon, je suis quand même capable de tomber amoureuse de Zatopeck après avoir lu "Courir" de Echenoz, une histoire restée platonique par la force des choses !

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    1. Athalie, croyez moi, il a quelque chose de magnétique ce bouquin. Encore plus que "Courir", c'est dire ! ;)

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    2. Athalie, tu auras compris que Sophie est l'ambassadrice officielle de "La Grande course...' mais elle a tellement raison...

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  7. je ne peux pas courir ! mais j'avoue tes photos donnent envie d'une balade.
    je me souviens l'an passé... dernier week-end d'octobre, le Marseille Cassis et la semaine suivante, le marathon entre Nice et Cannes

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    1. Photos prises à 7h30 du matin, là où c'est encore circulable, si tu vois ce que je veux dire...mais oui tu vois

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  8. Les gens qui courent ... tu peux aussi bien me parler hébreu, ça me laisse de marbre, moi qui est déjà épuisée et perclue de douleurs après une marche normale ! Donc, j'ai bien peur que la substantifique moëlle de ce roman m'échappe totalement. Ma PAL te dit merci ce matin. Et bravo pour tes photos, une petite balade de bon matin dans cet endroit-là ne serait pas pour me déplaire.

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  9. Et si on n'aime pas courir, tu crois que l'on peut tout de même apprécier ce roman ? ;-)

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  10. "Rien ne sert de courir..." Une autre vision des choses, plus proche de la mienne.

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    1. ...il faut partir à point". Un état d'esprit vers lequel j'essaie de tendre jour après jour..en vain

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  11. Aaaah en tant qu'ex future marathonienne (ou semi marathonienne) ça me parle. J'ai lu le roman il y a des années, et ne me souvenais plus des performances ... Mais ça me démangerait bien dans les baskets, ce livre. De temps en temps je les reprends mais le problème c'est le genou, ou les pieds, ou etc, on n'est plus tout jeune, quoi... Mon meilleur temps c'est 55 minutes sur 10 km, j'étais contente... Il y a vingt ans, quoique...
    Courage, cours Forest, cours!

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    1. C'est la grosse classe! J'ai beaucoup de mal à passer sous la barre des 1h sur le 10 Km (oui je sais, je n'ai qu'à arrêter de fumer)

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  12. ça a l'air d'être une très belle histoire mais je ne crois pas que le thème de la course puisse me tenir en haleine sur autant de pages, en tout cas c'est un très beau billet!

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    1. Merci Thiphanie, mais je pense quand même qu'il peut parler aux non-coureurs, pour peu qu'ils aient un peu l'esprit du sport!

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  13. De moi-même voilà un sujet qui ne m'aura pas forcément intéressé ... mais chroniqué par toi, ça change tout !! Alors je note !!!!

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    1. Adorable comme toujours Malika. Tu sais il évoque davantage la force de l'esprit sur le corps, le fait de pouvoir se dépasser. C'est ça qui est troublant je crois!!

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  14. Je découvre donc ton blog juste avant l'anniversaire... Me voici donc doublement ravie de notre rencontre. ( avec un livre que je dois lire, comme me le répète depuis trop longtemps une amie )

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    1. Mince alors tu n'es pas la Maryline qui me disait avoir été jurée Elle en 2009? Vous êtes donc deux sur la toile (enfin la toile que je connais bien sûr). Ce livre est top, n'hésite pas!

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    2. Alors je pense que tu es déjà passée chez moi....

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    3. Certainement, c'est ce que j'ai pensé ensuite. Me suis un peu perdue en supprimant mon blog pour passer au site puis avec l'arrêt de GReader... Le mal est réparé :)

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  15. Je découvre ton blogue avec le projet non fiction. :)
    Mon truc à moi, c'est plus le vélo. Mais ce livre me fait envie. Parce que les sportifs qui se dépassent me fascinent toujours beaucoup... Je note!

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    1. Bienvenue Geneviève, oui je pense qu'il ne se limite pas à la course, c'est un livre sur les possibilités de notre corps. A tout bientôt sur le projet de non-fiction (sacré challenge entre nous;-)

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  16. C'est rigolo je suis partie à 7h08 pile ce matin pour mes 10 km...sauf que moi si je m'arrête pour faire des photos je ne sais pas repartir !!!...Et tu sais quoi ? Parce que j'ai chroniqué "mon" marathon (http://aufildeleau.typepad.com/aufildeleau/2010/04/mon-marathon-de-paris.html) , parce que courir est devenu aussi important pour moi que de me brosser les dents, parce que l'exploit sportif, le goût de l'effort et les valeurs qui y sont associés me font pleurer, et aussi parce que j'aime (encore une fois !!, à croire que je faillotte et pourtant non !!!) ta chronique de ce livre, je vais faire un détour par la librairie ce soir ;-)

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    1. Non!!! toi aussi?!!! Je file lire ton billet.
      Jette toi sur "La Grande course..." je suis certaine que tu vas adorer...

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  17. Je n'ose aborder ce genre d'ouvrage, moi qui suis à peu près aussi sportive qu'un carlin... pfffffffffff, je suis impressionnée par vos footings les filles !!!

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    1. En ce qui me concerne, je t'assure Margotte, il n'y a pas de quoi!!

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  18. Houlala !!! Voilà j'ai tout dit ! Je comprends ce que tu veux dire par dépassement de soi mais j'essaie de me dépasser autrement vu que courir (et même marcher parfois) est une abstraction en ce qui me concerne !!! Ton billet m'a fait pensé au film "On achève bien les chevaux"... Je note ce livre, tu en parles si bien ! Et bravo pour tes performances malgré la cigarette !!! Tu as bien fait de faire des photos, c'est une bonne excuse qui ravit tes lecteurs ! :D

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    1. Tu es adorable Aspho...bon ...mes performances vu mon gabarit et le temps depuis lequel je cours ne sont vraiment pas terribles (je reste une vraie paresseuse dilettante même quand je fais du sport)...mais La Grande course est top vraiment, il m'a fait un bien fou ce livre...

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  19. Très joli billet qui donne très très envie de le lire !! Par contre je n'arrive pas à courir plus de 45mn, au-delà ça m'ennuie rien que d'y penser, on verra si ce livre me fait changer d'avis !!

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  20. un livre qui m'a procuré un grand grand plaisir il y a pas mal d'année et que j'ai relu avec bonheur pour faire mon billet
    bravo de l'avoir ainsi illustré c'est sympa
    je ne courre pas je suis déjà un peu gênée pour marcher !! mais ça ne m'empêche pas d'avoir transpirer avec les coureurs :-)
    merci pour le lien

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    1. OUi, je me souvenais que tu avais fait un billet Dominique sur Flanagan, et tu as raison, on transpire avec les coureurs dans ce livre.

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  21. Ah oui, je comprends mieux pourquoi ce roman t'a passionnée, et c'est vraiment une belle anecdote que ce soit CE livre qui t'ait poussé à ouvrir ce blog ! Tu en parles vraiment bien, je vais rajouter ton avis en lien. J'ai beaucoup aimé l'histoire d'amour naissante entre Kate et Mike, je tremblais pour lui dis donc, haha ! Mais moi j'ai préféré Hugh.;-) Son histoire personnelle m'a beaucoup touchée.

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    1. Merci beaucoup a girl, oui Hugh est formidable aussi, et c'est une belle histoire d'hommes cette grande course.

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  22. encore ce livre..... il me poursuit.. et finalement, je l'inscris dans ma liste , je pense le trouver en médiathèque.

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  23. Je ne cours pas.
    Je n'aime pas courir.
    Donc je ne courrai probablement jamais un marathon.

    Mais ce livre, il m'accompagne depuis longtemps, il me poursuit et je l'ai "vécu", avec tous ceux qui sont là au départ de la course et surtout à l'arrivée.
    Alors je voudrais rassurer ceux qui ont peur de le lire car ils ne courrent pas : Oui on peut le lire et en rester marqué !

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    1. Oh merci Cher(ère?) Anonyme, c'est une question récurrente, et ça fait du bien de le lire (je courrais déjà quand je l'ai lu).
      Merci de ce commentaire qui fait du bien.
      Moi-même j'y pense encore souvent (alors que je ne cours plus depuis 3 semaines)

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