samedi 30 septembre 2017

My September

Me revoici, hors d'haleine au bout de ce mois de septembre-marathon (pour les mères dénuées de sens pratique, c'est un mélange de retards humiliants, de dilemmes domestiques et de calculs savants pour savoir qui emmener qui à quelle heure et où).

Bref, j'avais bien envie de reprendre le rendez-vous initié par Moka, ce Mois par moi que j'affectionne tant et que je lisais chez les autres même quand je ne bloguais plus, et puisque je me suis attrapée un de ces virus que les hommes appellent "la grippe" et que nous femmes, appelons un "gros rhume", je me suis dit que je pouvais me faire plaisir quand-même et tenter un Mois par moi en vidéo. 

J'y ai perdu un temps fou, je me suis bien amusée, et je me suis dit qu'il compenserait mon sevrage de RS dont l'un des dégâts collatéraux est de prendre nettement moins de photos qu'avant. C'est approximatif, égocentrique et partial, bref Tarantino n'a rien à craindre.





jeudi 21 septembre 2017

Mon immersion #3

Je le reconnais, j'ai séché la dernière séance de sevrage, parce que j'avais été convoquée par l'infirmière scolaire du collège de Rayures "Madame, vous ne me rapportez pas le PAI actualisé de votre fille, je vous préviens à la prochaine crise d'asthme, j'appelle les pompiers". Au début j'ai bien tenté un peu d'humour avec un pathétique: "ou vous lui donnez 2 bouffées de ventoline toutes les 20 minutes pendant 1 heure, ça marche aussi". Mauvaise idée. Son regard plein de mépris et d'exaspération m'a convaincue de me taire. Le rendez-vous s'est conclu par un humiliant "pas de PAI, pas de ventoline".

Bref, j'ai expliqué cela à Jean-Charles au téléphone la semaine dernière, qui a fait une sorte de moue radiophonique qui signifiait à quel point il me faisait confiance. J'y suis donc retournée ce matin, avec l'entrain d'une condamnée, juste après ma convocation à l'école primaire de Numérobis (qui n'a rien trouvé de mieux pour commencer l'année que de partager, à la cantine, son cordon-bleu avec une "sans viande", ce qui m'a valu un savon mémorable de l'économe ET de la responsable de cantine: "quand on dit  "sans-viande", votre fille ne comprend pas ça veut dire même la viande entourée de fromage et de panure  ? J'ai pitoyablement baissé les yeux en faisant mon mea maxima culpa.)

J'ai donc du rattraper la séance manquante, qui consistait à s'auto-flageller en public. Les autres l'ont fait à la dernière rencontre, j'ai du donc m'y soumettre seule devant leurs regards pleins de compassion. L'exercice consistait lister tous les trucs inutiles que je postais sur Facebook: mes temps de courses à pied et mes efforts douloureux, mes problèmes divers et variés avec l'Education Nationale, le retour des multiplications à trous, mes déboires avec la SNCF, ma voiture, la Poste, la CAF, mes commentaires sur la météo, le trafic routier, les émissions télé pourries de l'Homme ....

Satisfait, Jean-CHarles m'a approuvé en hochant la tête avec cette répartie sublime :
-"Galéa combien avais-tu d'amis sur Facebook? (oui maintenant on se tutoie pour vraiment aller au fond des choses)
-"Je ne sais pas ...une grosse centaine peut-être...
- "Combien d'entr'eux réagissaient à ce que tu racontais?
- "5 ou 6, parfois une dizaine je pense 
Silence un peu gêné, je sens qu'il attend quelque chose ...vu que je ne dis rien, il enchaine:
-" c'est proportionnellement peu on est d'accord ?
-" On est d'accord (mais ces 5 ou 6 là me manquent quand même...)

Je n'ai plus ma dose de choses inutiles en fait.

Aujourd'hui,  c'était l'apothéose du programme: "chacun va maintenant nous parler de sa part d'ombre, nous dit Jean-Charles hyper sérieux (il a remis son pantalon de gourou d'ailleurs). Je ne parle pas évidemment de votre côté inutile mais banale, mais vraiment de votre part d'ombre, le très mauvais côté de vous qui a surgi avec les RS, je vous ai demandé d'y travailler la dernière fois, nous allons commencer par Galéa, Quand as-tu passé la ligne rouge ?

Hein ?

J'avoue que je me moque de certains posts avec mes copines en off, que j'ai masqué un partie de mes contacts trop virulents, que j'ai déjà demandé à quelqu'un d'arrêter de commenter l'une de mes publications...Je sens bien qu'il en attend plus...

"Galéa, va plus loin, sois plus honnête...


Je lui raconte  les piques récurrentes aux services de presse, les blogueurs complaisants qui m'exaspèrent et sur lesquels je m'acharnais régulièrement, bien sûr je pense aussi aux chantres de l'éducation bienveillante qui me pourrissent la vie avec leurs grands principes....mais honnêtement, ils ont tous fini par me dégager à un moment, donc bon, à la limite je ne suis pas trop nocive comme fille.  Jean-Charles est complètement en transes, limite il m'effraie, il attend que j'avoue un meurtre visiblement. 

Thierry , l'expert comptable, toujours habillé dans un joyeux dégradé de beige-marron vient à mon secours: "Relax Galéa, on a tous avoué des trucs pas glorieux, moi par exemple, à la fin, pour exister, je ne twittais que sur des  faits divers sordides (disparition d'enfants, assassinats collectifs etc...) en imaginant des scenarii complètement trash pour faire réagir les twittos. Si ma propre nièce n'avait pas cité l'un de mes tweets (sans savoir que c'était moi) dans l'affaire Fiona, je le ferais peu-être encore".

Je suis un peu gênée parce que forcément il met la barre haut, à la limite on est tous normaux par rapport à lui. Enfin, c'est ce que je croyais.

Elisabeth (60 ans,  propre sur elle, qu'on imagine au yoga ou bien en train d'aller chercher son panier bio et équitable) m'explique qu'elle se prenait pour Dieu. Devant ma réaction dubitative, elle m'explique: "je demandais les gens en amis sur un réseau, un autre, et puis s'ils m'énervaient je les dégageais, par fois je les bloquais, les redemandais en amis plus tard quand j'étais calmée. Tu comprends j'avais l'impression d'avoir un pouvoir sur le monde. L'inverse de la vraie vie...quelqu'un m'énervait: pouf! il n'était plus là, pas d'explication, rien". 

Quand je pense que j'aurais confié mes filles à cette dame en toute confiance, je frémis.

 "J'ai arrêté suite à une sale histoire, il y avait une fille avec qui je m'entendais bien mais qui postait tout le temps des trucs qu'elle achetait sur Amazon (vaisselle, vêtements, cd, aspirateurs etc....); au début je pourrissais tous ses liens en évoquant les conditions de travail chez Amazon, la mort des petits commerçants etc....mince quoi, on faisait partie d'un groupe de consommateurs responsables et elle passait son temps à promouvoir ce site honteux....Un jour c'est elle qui m'a dégagée sans préavis,  c'était la première fois que cela m'arrivait, j'ai pris dur; j'ai appris deux mois plus tard qu'elle était en fauteuil roulant suite à un accident, alors forcément Amazon ..."

C'est quoi ces malades?

Comme si ça ne suffisait pas Paméla (27 ans, talon haut et balayage nickel...Mlle-2-portables) nous raconte, que sur Facebook elle s'était fait de vraies amies, à qui elle s'était confiée, le genre de filles extra avec qui on échange des choses intimes (je hoche la tête pour faire genre, mais elle m'inquiète déjà). Quand elle s'était rendue compte qu'elle n'avait pas été invitée à l'anniversaire de l'une d'entre elles (une blogueuse lifestyle de Marseille), elle en avait été meurtrie. "ils ont posté des photos sur FB et sur IG, il y avait plein de filles du lifetsyle sauf moi (tu métonnes )....Au début je reconnais, je l'ai un peu harcelée sur Messenger pour qu'elle m'explique pourquoi je ne faisais pas partie sa dream team, et elle prenait de la distance, c'était affreux, je croyais qu'on était proches, et je voyais bien que ça la gonflait de me répondre
- "Mais heu...tu l'avais déjà vue?
-"Nan, mais purée quoi, Marseille c'est à côté quand même, pourquoi avoir invité cette pouff [dixit] de Lyon et pas moi ?

Devant mon silence d'incompréhension, elle continue, "j'ai passé la ligne jaune quand je l'ai googlisée pour en savoir plus sur elle, et de fil en aiguille (je sais ça craint) mais vu que ma soeur bosse aux Trésor Public, bon bah on s'est aperçue qu'elle ne déclarait pas ses revenus du blog (pas grand chose mais quand même) , donc bon, je n'en suis pas fière, mais disons...que enfin tu vois quoi".

C'est là que je me dis qu'avec le nom que je porte, il n'aurait pas fallu que je l'aie pour voisine pendant la guerre.

Il y a ensuite l'ado toute mignonne (14 ans, belle comme tout, accompagnée de sa mère) qui raconte avoir ouvert un compte IG public pour poster des photos des gens les plus moches du collège prise en cachette dans la cour, en laissant les commentaires les plus horribles se dérouler. Elle ne peut s'empêcher de sourire en nous le racontant, devant le regard désolé et honteux de sa mère. L'un des parents de "moches" avait porté plainte. Inutile de préciser qu'elle n'était pas là de son plein gré.
La seule réaction qui m'est venue à l'esprit:
- Tu es dans quel collège?
 Jean-Charles m'a fait savoir que ma question était très mal venue.

Je dois avoir un tête de dépressive car Jean-Charles me regarde "Galéa, si tu es là c'est que toi aussi tu as passé la ligne rouge à un moment, sinon c'est que tu n'as rien à faire ici".

Effectivement, est ce que j'ai vraiment quelque chose à faire avec ces gens-là ?

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